Face à la diffusion actuelle de la COVID-19, le Partenariat des OSC pour l’efficacité au service du développement exprime sa solidarité avec les peuples du monde, en particulier les communautés pauvres et vulnérables des pays développés et en développement. Nous saluons également ceux qui sont en première ligne, notamment le personnel de santé qui continue courageusement à servir la population.
Au-delà de ses effets tangibles sur notre santé et nos vies, nous pensons que la COVID-19 laisse présager une pandémie sous-jacente d’inégalités, qui rendrait une grande partie de notre société, y compris ses échelons inférieurs, plus vulnérable aux crises sanitaires.
Nous sommes témoins du sort de nos frères et sœurs qui endurent des conditions sordides, dans des environnements où l’accès à la nutrition, à l’eau et à l’assainissement, entre autres conditions préalables à une vie saine, est médiocre. Nous sommes profondément préoccupés pour les personnes âgées, les femmes et les enfants, les migrants et les réfugiés, et les personnes handicapées. Ce sont eux qui portent le poids de cette crise et il convient de leur accorder la priorité face à cette pandémie.
Nous demandons des réponses concrètes de la part de nos gouvernements, les responsables, afin de nous assurer que nous traverserons cette crise ensemble. Plus important encore, nous les exhortons à repenser la façon dont nous gérons le monde, afin de réduire le fossé qui nous a conduits jusqu’ici.
L’inégalité actuelle s’est construite au fil de décennies de recherche incessante du profit, soutenue par des politiques de développement ne se fondant pas sur les besoins des populations. Son impact est maintenant face à nous et nous apprend d’importantes leçons sur le progrès et l’humanité : quand quelqu’un est touché, tout le monde est touché, ce qui élève un seul doit nous élever à tous. Et lorsque nous poursuivons notre croissance aux dépens des autres, nous souffrons en tant qu’espèce humaine.
Cette pandémie nous rappelle, douloureusement, la folie de tourner le dos à la société. Notre interdépendance en tant que membres de l’espèce humaine exige que nous prenions soin les uns des autres, ce que nous faisons par les bons offices de l’État. Ainsi, l’État est responsable de la mise en commun des ressources nationales : systèmes d’éducation et de santé, transports de masse et services publics, entre autres.
Mais les 50 dernières années ont été marquées par l’abandon de cette responsabilité. Nous voyons des gouvernements refuser d’investir dans la protection sociale universelle, la santé, l’éducation, le logement et d’autres services sociaux. Au lieu de cela, ils transfèrent leur pouvoir et leurs responsabilités aux entreprises, dont les approches sont régies par la logique du capital. Pour le secteur de la santé en particulier, cela signifie d’énormes coupes dans les budgets nationaux de santé, la privatisation généralisée des hôpitaux publics et la contractualisation du personnel de santé, des investissements dérisoires dans la promotion de la santé et Le COVID-19 est un signal d’alarme pour inverser les inégalités, un défi pour ne laisser personne de côté de la médecine préventive, et une pratique du développement de médicaments axée sur le profit. Ce sont ces politiques, de pair avec le coronavirus, qui conduisent à l’impact réel de la pandémie.
Nous devons répondre à ce déni de justice sociale
En tant que société civile, nous insistons sur la nécessité d’une coopération au développement efficace pour aider à réduire la pauvreté et les inégalités. Nous réitérons un appel en faveur d’efforts de développement qui servent les intérêts des pays, qui soient axés sur les résultats, qui respectent la transparence et la responsabilité, qui encouragent les partenariats inclusifs et qui accordent la primauté aux droits de l’homme.
Nous encourageons tous les partenaires du développement, et les donateurs en particulier, à ne pas se désister de leurs engagements face à cette période difficile et, au contraire, à prévoir des initiatives supplémentaires et à autoriser des arrangements tels que des prolongations sans frais et une certaine souplesse dans l’utilisation des fonds, la durée et la mise en œuvre afin de mieux répondre à l’évolution de la situation. De fait, les personnes les plus démunies dans le monde entier risquent fort d’être doublement touchées : directement par les épidémies de COVID-19 et également par la perturbation des programmes et projets existants. Au contraire, une coopération au développement efficace peut faire partie de la réponse à la crise actuelle.
À court terme, nous préconisons les mesures suivantes axées sur la santé : la réalisation de tests de masse, si nécessaire, et de traitements sans préjudice de la capacité de paiement des personnes, des campagnes d’information publique rapides et précises, et la distribution de biens subventionnés par l’État tels que des masques, du désinfectant pour les mains et de la nourriture.
Nous demandons également un soutien concret au personnel de santé en première ligne, une action immédiate pour assurer la sécurité alimentaire et des déclarations d’arrêts de travail, le cas échéant, tout en garantissant un revenu à tous les citoyens concernés.
À long terme, nous demandons que les gouvernements investissent davantage dans nos systèmes de santé publique, dans l’éducation et le logement gratuits, dans des économies nationales conçues pour offrir un travail décent à tous, et dans le renforcement de la capacité de l’État à garantir que tous les citoyens aient accès à la protection sociale.
Dans leurs réponses, les États devraient tenir compte des impacts différenciés du COVID-19 sur les personnes âgées, les femmes et les filles, les populations autochtones et les pauvres. Les besoins des groupes vulnérables devraient faire l’objet d’une attention particulière.
Nous reconnaissons que les scientifiques indiquent que la distanciation sociale est la plus efficace pour l’endiguer. Toutefois, son application ne doit pas se faire au détriment de l’exercice des droits des personnes.
Avant le COVID-19, de nombreux États ont déjà fortement limité la participation civique, en plus de la tendance actuelle à la réduction de l’espace civique. Dans certains États répressifs ou dans des démocraties fragiles, ces mesures pourraient devenir permanentes, les détenteurs du pouvoir profitant de la pandémie pour établir ou préserver leur régime autoritaire.
Des solutions militaires, avec une terreur d’État appliquée en toute impunité, en particulier sur les segments les plus pauvres de la population, sont totalement inacceptables comme réponse. Tout ce qui viole les droits de l’homme, met en danger la démocratie et perpétue les inégalités ne peut être la réponse.
Cette pandémie souligne également l’importance constante des OSC en tant que gardiennes du développement, en tant que défenseurs de politiques et de programmes ayant un impact durable sur le bienêtre des populations. Les États et les autres acteurs du développement doivent alors s’attaquer au problème mondial de la restriction de l’espace civique et de l’intensification de la répression politique, et respecter leurs engagements en faveur d’un environnement favorable à la société civile.
Lorsque nos dirigeants mondiaux se réuniront à nouveau pour discuter de leur programme de développement, nous espérons que la terrible réalité du COVID-19 les obligera à réfléchir à ce que leurs décisions signifient pour les populations déplacées en Amérique latine, pour les communautés africaines ravagées par le banditisme et les insurrections, et pour les familles démunies et sans-abri d’Asie du Sud et du Sud-Est. Nous leur demandons d’ouvrir la voie à la redistribution des richesses du monde et de promouvoir un développement qui ne laisse vraiment personne de côté.
En fin de compte, la COVID-19 nous met au défi de reconstruire le tissu social que l’ordre mondial dominant a détruit. Elle a mis en évidence le fait que s’occuper les uns des autres doit être un effort collectif, que quels que soient les objectifs que nous fixons pour notre société et notre économie, ils doivent être pour le bien commun. La pandémie requiert une véritable solidarité internationale. Il n’y a pas d’alternative.
Téléchargez la version PDF de cette déclaration ici.