par Lucrezia Giordano, secteur OSCI du POED
En juin dernier, le POED a participé aux Journées de la société civile du CAD de l’OCDE, un événement qui a rassemblé divers acteurs des organisations de la société civile (OSC), des gouvernements et des agences de développement pour discuter de sujets et d’engagements cruciaux : la promotion du développement mené localement, la réévaluation des structures de partenariat et la création d’un environnement favorable pour les OSC.
Le développement local est apparu comme une préoccupation majeure, et les participants de tous bords ont reconnu que les communautés devraient être à l’avant-garde de leurs propres processus de développement, en intégrant les perspectives de tous les membres de la communauté. Cette approche correspondait à l’intérêt du POED de présenter son récent rapport sur les partenariats équitables, rédigé par Chilande Kuloba-Warria et Brian Tomlinson, dans le cadre plus large des principes d’Istanbul et des recommandations du CAD sur l’habilitation des organisations de la société civile.
Chilande s’est inquiétée de la prééminence des OSC internationales et des acteurs du Nord dans la définition du secteur du développement : pour parvenir à un développement mené au niveau local, il est essentiel de rééquilibrer les relations de pouvoir et d’encourager la responsabilité mutuelle entre les parties prenantes. Plusieurs acteurs du développement présents ont souligné la nécessité d’engager des conversations ouvertes sur les risques, la compréhension mutuelle et les partenariats équitables afin de créer un écosystème de développement plus inclusif et plus efficace. Pour sa part, Luca De Fraia, coprésident du POED, a fait part des efforts déployés par son organisation pour promouvoir des droits et des responsabilités équitables parmi tous les membres d’ActionAid International.
L’un des principaux défis abordés lors de la conférence consiste à faire évoluer les relations de financement actuelles entre les donateurs et les OSC vers de véritables partenariats. Nombreux sont ceux qui estiment que l’approche actuelle transforme souvent les partenariats en simples relations de financement. Pour éviter cela, les participants ont souligné l’importance d’apprécier les atouts de la communauté, d’adopter un développement dirigé par la communauté et d’impliquer diverses voix dans la prise de décision. Le PNUD a souligné, par exemple, le besoin de modalités flexibles et de nouveaux points d’entrée pour promouvoir et faire progresser le développement mené au niveau local, car la création d’un environnement favorable aux espaces de la société civile est cruciale pour encourager des partenariats significatifs et réduire les charges administratives.
La communication sur les initiatives de développement a également été mise à l’honneur. Les organisations de développement doivent veiller à ce que les outils de communication soient adaptés à la population cible, en particulier dans les pays du Sud. Comme l’a indiqué Vitalice Meja de Reality of Aid – Afrique, des efforts délibérés pour partager des informations crédibles et compréhensibles, en évitant le jargon technique et en s’engageant avec les organisations locales, peuvent améliorer de manière significative les stratégies de communication. La mondialisation de la communication sur le développement implique d’adapter les efforts de communication aux pays partenaires, de prendre en compte les risques géopolitiques, de mobiliser l’action en faveur des objectifs de développement durable et de s’adapter à l’ère numérique. Les acteurs du développement devraient donner la priorité aux récits plutôt qu’à l’image de marque afin d’obtenir des résultats plus efficaces en matière de communication et de renforcer la confiance du public. Une communication réussie va au-delà de la simple diffusion d’informations : elle nécessite une approche nuancée et adaptée au contexte.
Les dirigeants de la société civile ont souvent rappelé les défis fondamentaux qui entravent le développement mené au niveau local et une communication efficace. La persistance de structures de pouvoir et de communication coloniales et racistes a été reconnue, ce qui appelle à des changements de vocabulaire et à des récits plus inclusifs. Les agences et organisations de développement ont été invitées à décoloniser véritablement leurs stratégies et à impliquer les communautés locales dans l’élaboration des approches de communication.
Le paysage actuel du développement souligne l’importance d’accepter le changement pour promouvoir un développement mené localement et renforcer les partenariats dans le secteur du développement. Comme l’ont affirmé les représentants de la société civile, il est nécessaire de rééquilibrer les relations de pouvoir, d’engager des conversations ouvertes et de créer un environnement favorable aux OSC. Une communication efficace, exempte de jargon et d’héritage colonial, est apparue comme un outil essentiel pour instaurer la confiance et favoriser les efforts de développement inclusif. Dans l’ensemble, l’événement a servi de plateforme pour le partage d’idées, de défis et de succès, inspirant les participants à continuer à travailler ensemble pour atteindre un avenir plus équitable et durable. #